Sur ces questions de bi ou de double nationalité – ce qui est pareil pour le bon sens – on parle beaucoup de l’article 28 de la Constitution réformée du 22 janvier 2001 qui dit effectivement que :

Article 28 : Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques, être âgé de 35 ans au moins le jour du scrutin. Il doit savoir écrire, lire et parler couramment la langue officielle. »

J’aimerais cependant attirer l’attention de nos concitoyens sur le Préambule de cette même Constitution, Préambule qui fait partie intégrante de la Constitution et qui en définit les principes fondateurs:

PREAMBULE : Le peuple du Sénégal souverain …Proclame : …

  • Le respect des libertés fondamentales et des droits du citoyen comme base de la société sénégalaise ;
  • L’accès de tous les citoyens, sans discrimination, à l’exercice du pouvoir à tous les niveaux
  • Le rejet et l’élimination, sous toutes leurs formes de l’injustice, des inégalités et des discriminations ;

Au sens de ce PREAMBULE, la disposition de l’article 28 sur l’exclusivité de la nationalité du candidat paraît inconstitutionnelle. En effet, elle s’oppose d’une certaine façon à la liberté et au droit de tout Sénégalais ayant une ambition présidentielle d’avoir une autre nationalité. Un Sénégalais ne perd pas sa nationalité sénégalaise quand il en acquière une autre. Car l’acquisition de la nationalité sénégalaise se fait essentiellement par les liens du sang. Elle se base sur une valeur fondamentale de la civilisation africaine qui est le puissant lien de la Parenté. Et ce lien ne peut pas être rompu. Donc, un citoyen sénégalais devrait pouvoir bénéficier de plusieurs autres nationalités et avoir accès à tous les niveaux de l’exercice du pouvoir et donc aussi, à la magistrature suprême.

L’article 28 porte en lui l’exclusion. Un mot affreux dans une Constitution. Il est discriminatoire, car il cherche à exclure une partie des citoyens bi ou multi nationaux, à qui, au final, on n’a rien à reprocher sinon d’avoir trouvé du travail ou d’être né à l’extérieur, ou avant les indépendances, ou simplement avec un des parents originaire d’un des pays limitrophes. Avoir une autre nationalité n’est pas un crime ni une haute trahison de la nation comme le sous-entend l’article 28, qui met les criminels et les multinationaux dans le même sac. Une autre nationalité revêt des aspects pratiques pour ceux qui parcourent le monde. Le Sénégal est incapable de donner, aujourd’hui, un avenir à ses enfants ;  et beaucoup sont obligés de traverser les mers et franchir des montagnes, qui pour avoir une formation qualifiante, qui pour trouver leur salut et celui de leurs familles restées au pays.

L’article 28 est injuste et crée une inégalité de taille entre les différents candidats. En effet, on parle d’une simple candidature sans aucune garantie de succès. Cet article met nombre de binationaux dans une situation juridique complexe ou les oblige à renoncer à leur indépendance financière, uniquement pour tenter une candidature. Cet article est donc dissuasif et à mon sens, ne sert pas la nation. Car il écarte ainsi beaucoup de Sénégalais méritants, aux mains propres, qui ont appris à vivre de leur propre travail dans des environnements très difficiles, avec des expériences internationales, indispensables pour gouverner un pays dans un monde maintenant globalisé.

Maintenant en quoi l’exclusivité de la nationalité sénégalaise d’un simple candidat est si importante ? Est-ce une question de sécurité nationale, de défense nationale, de souveraineté ? On s’acharne sur le simple citoyen candidat, alors qu’il n’y a aucune disposition véritable pour s’assurer que le Président de la République qui lui est une institution de la nation, n’ait pas une autre nationalité. Pour preuve, la polémique sur la nationalité de tous les présidents qui ont gouvernés et gouverne le Sénégal.

Restons pragmatique, tout citoyen devrait pouvoir candidater même avec une nationalité en plus. Et c’est ce que consacre le préambule de la Constitution.

C’est aux Sénégalais de choisir leur Président. Et ce Président devrait d’abord avoir les mains propres, pour réformer le système et le mettre au service des citoyens et non l’inverse, et mettre le pays et l’Afrique toute entière sur la véritable conquête de sa souveraineté dans un monde toujours plus interdépendant.

Le Président que choisiront les Sénégalais, car c’est uniquement à eux qu’appartient ce choix sera celui qui aura véritablement la capacité de créer des emplois dans le pays et de libérer les Sénégalais du clientélisme d’état.

Le Président, c’est celui qui, par son parcours et son comportement tout au long de son existence, porte en lui les principes fondamentaux de la Constitution et des valeurs africaines qu’elle traduit.

Le Président est un homme ou une femme souveraine et la souveraineté est un état d’esprit, pas quelque chose que l’on imprime sur un papier.

Le Président est un patriote et seul l’intérêt supérieur de la nation l’intéresse. Le Président est au service de toute la nation et pas l’inverse.

Le Président travaille pour l’avenir de la nation. Il cherche à marquer positivement l’Histoire, sa préoccupation première c’est le bien-être des citoyens, non pas l’inverse.

Le Président est un communicant, un homme ou une femme d’état, mais surtout c’est un homme ou une femme de parole : il ou elle dit ce qu’il ou elle fait et fait ce qu’il ou elle dit.

Le Président, c’est celui qui sait que demain, il aura des comptes à rendre à la nation et à Dieu, car de son action, dépend en grande partie la bonne ou la mauvaise fortune de tout un peuple.

Le Président n’accepte aucun dictat et refuse avec intelligence toute forme de soumission de son peuple par une autre puissance.

L’article 28 de la constitution devrait, pour rester en phase avec le Préambule, rejeter le mot « exclusivement », pour donner cette proposition d’amendement de l’Article 28 :.

Tout candidat à la Présidence de la République doit être de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques, être âgé de 35 ans au moins le jour du scrutin. Il doit savoir écrire, lire et parler couramment la langue officielle. »

Il serait beaucoup plus en phase avec les réalités du pays, car beaucoup d’enfants de ce pays sont à l’extérieur et tout le monde est bien content qu’ils participent pour l’équivalent de près de 24% du budget national et c’est leur devoir.

Enfin, un des principes fondateurs de la Constitution sénégalaise est le rejet et l’élimination sous toutes leurs formes de l’injustice, l’inégalité et la discrimination, et en tant que citoyens nous devons les combattre avec force et détermination.

Quand on bâtit une nation il ne faut pas écarter, mais rassembler ; il ne faut pas diviser, mais protéger.

Abdoulaye Mady NDIAYE,

Né à Thiès, 50 ans, Industriel,

Ingénieur des Etudes et de l’Exploitation de l’Aviation, Pilote,

Administrateur de l’Institut Mandela,

A aussi occupé les postes de : Secrétaire Général de l’Organisation Européenne pour l’Equipement de l’Aviation Civile, de

Membre du Comité Exécutif de UVS International, de

Membre du Comité Exécutif Européen sur la Réglementation des avions sans pilotes, de

Membre du Comité Exécutif Mondial sur l’Aviation du Futur, de

Directeur du Développement chez un industriel leader mondial de la défense, de

Chef de Programme Avions chez un industriel leader mondial de l’aéronautique.